vendredi 20 avril 2007

Le paon, la colombe, et le vétérinaire

Depuis plus de dix ans je me fais couper les cheveux dans le même salon de coiffure. C'est, au hasard des rendez-vous, soit une petite Julie, soit une jolie Céline, qui officie. Il y a quelques temps, Julie me demande si l'heure d'été a une influence sur le comportement des animaux. Drôle de question. Les derniers potins, les futures vacances, la météo, font d'habitude partie des sujets incontournables dans ce genre de circonstances. Mais le décalage horaire chez les bébêtes, jamais. « Vous êtes bien vétérinaire » dit Julie. « Vétérinaire ? Pas du tout. Je suis graphiste ». Ma révélation ne semble la convaincre qu'à moitié. « J'étais sûr que vous l'étiez » dit-elle, « d'ailleurs, on vous appelle, depuis toujours, ainsi, au salon ». Fichtre. J'aurais préféré que l'on me prenne pour un acteur célèbre, un romancier connu, un sportif de haut niveau, que sais-je. Mais non. Vétérinaire.
Depuis ce jour, j'ai remarqué que les oiseaux du jardin me regardent curieusement, que le chat de la voisine se sent en sécurité chez nous, que les chiens, croisés dans la rue, me saluent avec respect. Même l'orang-outang du Jardin des plantes, à qui nous avons rendu visite, avec ma petite cousine, la semaine dernière, semblait vouloir me parler.
En ces temps de choix ne nous fions pas aux apparences. Entre le paon, fier et orgueilleux, qui fait le beau, et la colombe, j'opte pour cette dernière. Elle est plus vraie. Et je m'y connais, parole de véto.

lundi 16 avril 2007

Le perturbateur

Avec le temps radieux de ces derniers jours les oiseaux s'en donnent à cœur joie. Merles et merlettes, rouges-gorges, pies, moineaux, mésanges, tous ont réinvesti le jardin. Celui-ci leur sert de cour de récréation, de terrain de chasse, de garde-manger et de logement. Tout ce petit monde va, vient, s'agite, se course à qui mieux mieux, jusqu'à la tombée du jour. Vient alors le moment du concert quotidien. Avec entr'acte. En effet, vers vingt-heures, débute une orchestration, parfaitement réglée, où les « tii-tiiit », les « tiou-tiouut » et les « wiii » s'organisent avec harmonie. Vingt-heures trente : la pause. Plus un bruit. La joyeuse troupe en profite, sans doute, pour se désaltérer dans les petites flaques d'eau, au pieds des buissons, restes éphémères de l'arrosage de fin de journée. Vingt-et-une heures, deuxième partie. Le final. Plus fort, plus haut, place aux ténors ! Dix minutes de folie avant le repos nocturne. Nous avons repéré, dans l'orchestre, un trouble-fête, difficile à identifier. Un envoyé d'une troupe rivale qui se mèle, incognito, à celle de notre jardin pour semer la zizanie, c'est certain : Il chante faux ! Faux vous dis-je, il chante faux ! C'est lui qui couaque, profitant du moindre temps mort, de la moindre respiration musicale, pour émettre d'affreux « tooot » grossiers et vulgaires, indignes d'une symphonie de jardin. Connaissez-vous le moyen de faire taire ce perturbateur ? C'est urgent.

mardi 10 avril 2007

Sondages

Tous les instituts de sondage corrigent les données brutes recueillies avant d'en publier les résultats. Ils interprètent, comparent, minimisent ou gonflent, selon des critères mystérieux qui leur appartiennent, et dont ils gardent jalousement le secret. C'est ce qui fait la différence, si je comprends bien, entre les réponses des différents organismes à partir de bases identiques. Les instituts n'interviennent qu'avant une élection. Heureusement ! Imaginons qu'ils le fassent après : ils pourraient alors décréter que nos votes ne représentent pas la réalité, et qu'en « données corrigées » le résultat est tout autre. Nous avons dit blanc, mais c'est noir. C'est comme ça.
Pour savoir ce que Renelle souhaite pour son anniversaire, j'ai fait un sondage. Résultat brut : un bijou. En donnée corrigée (par moi) : un bisou.
Je plaisante, Renelle, je plaisante.

jeudi 5 avril 2007

La moustache d'Hercule Poirot

Nous regardons souvent les enquêtes d’Hercule Poirot, tirées des romans d’Agatha Christie, sur TMC. Les décors rétros, les costumes d'hier, le dialogue ampoulé et désuet, tout contribue à l’atmosphère très mondaine et feutrée de la série. David Suchet, le comédien qui joue le rôle du célèbre détective, correspond tout à fait, à mon avis, au personnage créé par la vieille dame anglaise. Tout serait parfait donc, mais un problème me turlupine. Dans ce genre de film, le moindre détail a son importance. Pourquoi Hercule Poirot n’a-t-il pas la même moustache à chaque épisode ? Veut-il, par ce biais, nous égarer, attirer notre attention sur son ornement pilifère, nous obligeant du même coup à négliger d'autres indices, pour que l’on ne trouve pas le coupable ? Il est fort, Poirot. Très fort.


mardi 3 avril 2007

Les épaules de Daniela

J’aime beaucoup les épaules de Daniela Lumbroso. Elles sont rondes, équilibrées, aux galbes parfaits. Et dorées comme des brioches. Je les suppose douces et veloutées. La détentrice de ces splendeurs vient de publier chez Plon : Françoise Dolto. La vie d'une femme libre., une biographie de la célèbre psychanalyste. Et de se faire étriller par Caroline Eliacheff, pédopsychiatre et psychanalyste elle aussi, dans le Nouvel Observateur. L'ouvrage est démoli. Un véritable massacre. Les épaules de Daniela seront-elles assez solides pour supporter de si lourdes critiques ?