samedi 17 mars 2007

Le vin au restaurant

Au restaurant, donner son accord sur la qualité du vin choisi est toujours un moment délicat. Les quelques secondes passées à juger la valeur de la boisson en bouche, sous le regard du serveur bras tendu et bouteille à la main, semblent une éternité. Quatre-vingt-dix neuf fois sur cent, une fois la gorgée avalée, c’est d’un petit mouvement de tête discret que l’on signifie son aval, avec, toutefois, quelques variantes.
Dans un établissement réputé, avec sommelier et tout et tout, il va de soi, que, à priori, le vin est de haute cuvée. L’accord se donnera alors avec une légère crispation des lèvres et double hochement du menton, signes convenus de l’œnologue averti. Ailleurs, à une bonne table, le Bordeaux à la belle couleur, le Bourgogne ou la bouteille de Bandol, se verront décerner, mais cette fois avec un sourire complice de parfait connaisseur, le satisfecit de rigueur. Devant le petit vin de propriété, dans le restaurant de quartier, à moins d’une affreuse piquette, on acquiesce sobrement. Il ne s’agit, certes, pas de Romanée Conti, mais nous ne sommes pas, non plus, dans une maison étoilée. Dans ce cas, surtout pas de grand jeu, un simple « OK » rapide fait l’affaire.
Quoi qu’il en soit, si l’attitude diffère quelque peu, l’appréciation, régulièrement positive, est toujours factice. La seule fois où l’on aimerait bien donner un véritable avis, avant que tous les verres ne soient remplis, c’est sur le vin en pichet ou en carafe, modeste, anonyme, sans grade, à l’origine inconnue, celui du petit resto du coin. Mais là, on ne nous le propose jamais. Pas un mot. Nom d’un tonneau !


Aucun commentaire: